De la pauvreté originelle de ma grand-mère paternelle, de sa privation volontaire (elle déposait tous ses remboursements de sécurité sociale sur un compte bloqué qui lui permit de léguer fièrement à chacun de ses petits-enfants, de son vivant, un héritage d’un million d’anciens francs), de ce dépouillement et de mes familles qui ont tout perdu à plusieurs reprises vient peut-être ma propension à tout garder. Papiers, courriers, photographies scolaires et jouets d’enfance, vêtements de mon adolescence ou de mes proches disparus…, et tous les « Ça peut servir », merveilleux et étonnants objets de rencontre, de ceux que je trouve si beaux dans leur déchéance parfois. À la mort de ma seconde grand-mère près de 10 ans plus tard je rassemblai à mes pieds sur le sol de l’atelier mes objets hérités et beaucoup d’autres, et je me mis à dessiner ce « Bel amas ».           Anne Gorouben avril 2016, extrait de ANATELIER pour le livre lithographié avec Nancy Sulmont, Michel Lascault, Hélène Rajcak et Pascale Roué (Kim), éditions Le petit jaunais, Nantes